sábado, 12 de enero de 2008

BENOIST-MÉCHIN EN LA FÁBRICA DE VOVES

El periodista Jacques Benoist-Méchin, prisionero de guerra de los alemanes, se interroga tras la derrota sobre el futuro de Francia. Las preguntas del atribulado prisionero de 1940 comenzarán a tener respuesta un año después, cuando a las órdenes del almirante Darlan desarrolle su actividad en el marco de la primera etapa de la colaboración. Después vendría el abandono de Vichy con la llegada de Laval al poder, el fin de la guerra y un prolongado encarcelamiento. Las paredes de la fábrica de Voves donde fueron retenidos por la Wermacht aquellos soldados franceses, ya no existen. La Francia que conocieron, tampoco. Algunas de las preguntas que se hacía el prisionero en aquellos calurosos días de junio de 1940 continuan todavía sin respuesta:

"(...) Entonces ¿qué?, ¿evadirse? ¿Huir? ¿Unirse al general De Gaulle? He oído decir vagamente que estaba constituyendo una Legión. ¿Pero por qué está combatiendo exactamente? ¿Por Francia o por Inglaterra? En el peor de los casos, se trataría de una estafa moral; en el mejor, de la prolongación desesperada de antiguas equivocaciones. En suma, nada puro... y ante todo lo que nosotros necesitamos es una cura de pureza. Busco en vano una salida, una fisura. No la veo por ninguna parte. ¿Suicidarse? Puede que para un individuo sea una solución. Desde luego no lo es para un pueblo. Un pueblo no puede recurrir a ésto. Un pueblo nunca podrá evadirse de la tierra. Como mucho puede zambullirse de vez en cuando en el baño sangriento de una revolución. Si, es preciso hacer una revolución, pero ¿cuál? ¿Con quién? ¿Una revolución controlada por el vencedor, que no hará sino remedar instituciones extranjeras? Sería preciso, para salvarnos, algo completamente nuevo. ¿Pero dónde encontrarlo? Revoluciones de izquierda y golpes de estado de derecha, guerras civiles y guerras de religión, guerras de conquista y expediciones coloniales, ya hemos hecho de todo, ya hemos intentado todo, ya conocemos todo. Las combinaciones de la Historia no son infinitas. El socialismo con Proudhon, el comunismo con Baboeuf, el racismo con Gobineau, el fascismo con Sorel, nosotros fuimos quienes lanzamos estas ideas al mundo, ¿y ahora quieren que las adoptemos nosotros con el ardor maravillado que provocan los nuevos inventos? Nosotros que hemos sido maestros en el arte de construir y de destruir -y Dios sabe si hemos llevado lejos el arte de destruirnos a nosotros mismos- hemos llegado a perder, en la actualidad, hasta el derecho a la palabra. Otros lo ejercen en nuestro lugar. Por más que me exprimo el cerebro, no me proporciona ninguna respuesta a las mil cuestiones que se acumulan, entrechocándose, en mi cabeza. Vuelvo mi rostro hacia la pared para esconder mi pena. Con la frente apoyada en una piedra, lloro con cálidas lágrimas. Es la primera vez que lloro desde el comienzo de la guerra..."

Jacques Benoist-Méchin, La moisson de quarante - Journal d'un prissonier de guerre, Albin Michel, Paris, 1941, pp. 50-51 (inédito en castellano, traducción de Altés)

jueves, 10 de enero de 2008

RESSEMBLANCES: CÉLINE ET LÉON BLOY

(...) La lecture de Céline m’amenera tout directement à celle de Léon Bloy. Un demi siècle les sépare, mais leur vie -et par conséquent, leur oeuvre- présente de nombreuses ressemblances que Céline ne laisse pas de remarquer pendant son séjour danois. Tous deux passèrent une partie de leur vie hors de la France. Tous deux vécurent au Danemark: étrange destination pour des hommes qui haïssaient le froid. Tous deux furent pressés par des soucis économiques desquels ils se plaignaient assez souvent. Tous deux écrivirent des pages décharnées sur la misère intellectuelle des ses contemporains. Tous deux furent ignorés, sinon ouvertement déclarés proscrits par l’intellectualité de l’époque, à peu d'exceptions près. Tous deux exhibaient son mépris envers la mollesse des penseurs et écrivains qui ne leur plaisaient pas. Tous deux confessaient sa profonde francité ainsi que son attachement à une France tout à fait différente à celle qu’ils durent vivre. Tous deux furent des épaves à la dérive provenant de ce naufrage de l’humanité que toute guerre constitue. Tous deux furent, toute compte faite, d'illustres répresentants d'une espèce en extinction. Celle des écrivains full time, celle des hommes pour qui n'existe que la littérature, vivre et écrire n'étant pour eux qu'une seule et unique chose.

Si Léon Bloy montre partout son visage de catholique orthodoxe, voire à porter son zèle religieux jusqu’au seuil de l’illumination (affaire de La Salette), Louis Ferdinand ne fut pas, pour sa part, un agnostique selon l’usage. Du moins qu’il fut de son vivant un homme respectueux avec l’Église, certes imbu d’un pessimisme anthropologique très marqué, mais capable quand même d’entretenir des rapports affectueux avec un pasteur évangélique, M. Löchen. Une autre concomitance entre les deux personnages : l’hiérarchie catholique s’avérerait toujours distante, voire hostile, par rapport à Bloy et son œuvre, quitte à lui nier toute valeur comme témoin exceptionnel d’une époque où la foi chrétienne se vit forcée à subir les plus dures épreuves; à son tour, la France officielle de l’après guerre va soumettre Céline à un harcèlement inouï qui ne devra s’arrêter, bien que tardivement et de façon très limitée, qu’à la
veille de sa mort. Des écrivains maudits ? Je ne dirais pas autant, toutefois ils ont fait partie d’une (ou plutôt deux) générations dont les hommes de lettres en vogue ne vont reconnaître les mérites et l’originalité de ces deux plumes. Toutefois, le climat que l'on retrouve envers Céline est beaucoup plus favorable que chez Bloy, car une partie du monde littéraire de l’entre-deux-guerres ainsi que un certain nombre de vedettes de l'après-Libération vont reconnaître, quoique de façon très timide et parfois pas trop sincère sinon ouvertement intéressée, le mérite et le succès du Voyage.

Et que dire de l’usage de la langue chez ceux deux poètes de l’inconformisme, véritables forçats de la littérature, maîtres du libelle, victimes de leur propre génialité! L’un, Bloy, désobligeant par nature, utilise la parole comme un moyen de combattre ses faiblesses, de chasser les fantômes qui l’entourent : la misère, la solitude, l’oubli… L’autre, Céline, en fait autant, tout en renouvelant le roman par son style direct, dépourvu de toute affectation, moyennant ses phrases entrecoupées, on dirait même farcies, ses tournures à mi-chemin entre le langage colloquial et les expressions du plus mauvais goût… dépassant toujours les bornes de la narration conventionnelle pour franchir la ligne que sépare l’homme tel qu’il est vu par les autres (et par lui même) de l’homme tel qu’il est.
(Extraits du Carnet de notes 2008 de Altés).

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